Homélies
Homélie du 4e dimanche de l’Avent, année C
La fraicheur de cette scène d’Evangile nous conduit tout droit vers la joie de Noël : deux femmes enceintes qui se rencontrent et qui jubilent, ivres d’une joie spirituelle ! L’Esprit soufflé en Marie par l’Enfant Jésus, bondit vers Jean et inonde Elisabeth et plus tard encore Zacharie qui prophétisera sur son fils.
Avez-vous bien repéré le moment précis où Jean et Elisabeth reçoivent cette puissante effusion de l’Esprit Saint ? Eh bien, c’est quand ils entendent la salutation de Marie : c’est-à-dire : Shalom Alekhem ! On se saluait en orient en disant la paix sur vous.
Or nous lisons dans la 1ere lecture que l’enfant promis SERA LA PAIX (Shalom) (il sera grand jusqu’aux lointains de la terre et il…) ! Quand Marie dit Shalom, cette fois-ci ce n’est plus une salutation, c’est une annonciation : Elle prend la suite de l’ange Gabriel pour annoncer la venue de Celui qui est la Paix. Elle apporte celui qui est la paix, elle fait passer au présent ce qui était au futur : la promesse s’accomplit, Dieu répand son Esprit sur toute chair (Joel 2) : dès l’annonciation, c’est la résurrection qui est en marche. Notre glaise s’emplit de l’Esprit de Dieu quand nous laissons le créateur s’en approcher ! l’Esprit rétabli en nous la ressemblance perdue depuis la Chute, cet Esprit qui « continue son œuvre dans le monde et achève toute sanctification » (Prière Eucharistique IV).
Alors réalisant que nous sommes l’objet de tant de sollicitudes de la part de Dieu, nous pourrions nous demander pourquoi ! Qui sommes-nous pour que Dieu pense à nous ? (Ps 8) dit le psalmiste. Pourquoi Dieu poursuit il sans relâche l’humanité depuis la chute ? Pourquoi cet amour indéfectible ? cette fidélité jalouse pour son peuple ? Eh bien, Parce que Dieu a dit au commencement Cela était bon, et que Dieu ne peut renier son œuvre de bonté. Dieu ne peut anéantir sa créature, même si sa bonté originelle est altérée par le péché. Ce n’est pas la mort du pécheur que je veux, mais qu’il se convertisse et qu’il vive (Ez37). Et voilà l’inouï de Dieu, il va venir parmi nous, au milieu de nous, les mains dans le cambouis, l’Esprit dans un corps, faisant de la chair le pivot du salut selon les mots de Tertullien au IIe siècle. Dieu fait homme, il donnera sa vie sur la croix pour que tous puissent contempler l’amour de celui qui dit à toute l’humanité de toute éternité : « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime » (Isaïe 43,4)!
Qui sommes-nous ? Nous ne sommes rien sauf aimés ! Et cela change tout ! Il y a 20 ans au cours d’une retraite, j’ai entendu une prédication qui m’a beaucoup marqué. Elle disait en 5 lettres ce que nous étions pour Dieu : un PPPPP ! Pauvre Petit Peuple de Pécheurs Pardonnés ;
Pauvre : Un cœur de pauvre c’est un cœur qui ne se suffit pas à lui-même. Prenons garde de ne pas avoir un cœur riche de nous-même, nous risquerions comme Hérode de ne pas accueillir le messie. Il ne l’a pas accueilli car il n’avait pas besoin de lui ! Il l’a vu comme un adversaire.
Petit : Réjouissons-nous d’être petit. Dieu choisi toujours les plus petits. Jacob, le fils cadet, Gédéon, le plus petit du plus petit clan de la plus petite tribu d’Israël (Juges 7), Bethléem Ephrata, le plus petit des clans de Juda (1ere lecture). C’est une logique habituelle pour Dieu : prendre le plus petit, le plus faible pour montrer la puissance de Dieu à travers lui. C’est dans la faiblesse que ma puissance donne toute sa mesure dit le Christ à St Paul (2Co12,9).
Réjouissons-nous d’être petits ! « Aimons à n’être rien, aimons à ne rien sentir, restons bien loin de tout ce qui brille alors Jésus viendra nous chercher aussi loin que nous soyons et il nous transformera en ses flammes d’amour » (Thérèse de Lisieux).
Jean Baptiste et Jésus sont les deux petits de l’Evangile, les deux plus petits du Royaume de Dieu selon l’Evangile (Mt11,11). C’est par eux que l’Esprit passe pour envahir le cœur et le corps de leur mère. Voilà pourquoi il est redoutable de planifier un monde sans petits, sans faibles.
Peuple : Nous ne sommes pas des individus, mais par l’Esprit Saint qui nous lie les uns aux autres, nous devenons un seul peuple. Pas de limite à l’amour de celui qui a livré son corps et versé son sang pour la multitude.
Pécheurs / Pardonné : se lisent ensemble en lien avec He10 : c’est grâce à cette (volonté de Dieu) que nous sommes sanctifiés.
Les 4 P ne servent à rien s’il n’y a pas le 5e ! Pauvre petit peuple de pécheurs…si cela s’arrête là, nous pouvons désespérer, mais il y a le 5e P : pardonnés.
Oui, Dieu a eu raison de dire au commencement « cela était bon » : la création, l’humanité, l’homme et la femme, le pauvre et le riche, le faible et le fort, le grand et le petit… Cela était bon, cela est bon et cela sera bon pour l’éternité car il vient nous sauver celui qui tient toujours ses promesses.
A la suite de Marie, nous aussi, croyons à l’accomplissement des promesses qui nous ont été faite ! Amen !