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Homélie Vigile de Pâques 2021
Le Christ est ressuscité ! … Il est vraiment ressuscité !
Mais que faites vous ici frères et sœurs, le carême est terminé ! Pourquoi tant d’efforts ce matin ?
Oui ! Ça y est, nous venons de terminer notre pérégrination dans le désert où nous avions pris des engagements, choisi de faire des efforts et force est de constater que nous les avons tous tenus : nous avons été charitables au plus haut point, nous avons jeûné sans sourciller, nous avons donné nos biens aux pauvres, nous n’avons pas râlé contre notre belle-mère ni passé notre temps libre sur Netflix, bien au contraire comme nous l’avions décidé au début du carême, nous avons prié deux fois plus qu’avant, bref : Nous voulions faire briller nos auréoles et nous avons réussi !
Mais… je sens quelques frémissements dans l’assemblée, rassurez-moi… est-ce un constat partagé ???
Pas vraiment en effet… allez, j’enlève mon masque. Et en enlevant celui-ci, j’enlève celui là, celui du cœur double qui se cache pour ne pas vivre en vérité…
Car oui, notre volonté de nous convertir durant ces 40 jours s’est brutalement confrontée à la réalité de notre humble et pauvre humanité.
Car vous aurez comme moi remarqué que,
c’est justement quand nous sommes confinés que nous avons soudain l’envie lancinante d’aller dîner en ville,
c’est justement quand on ne peut pas quitter l’île de France que nous avons tout à coup envie de visiter le cousin de Saint Malo
et… c’est justement quand le Christ nous offre 40 jours de jeûne et de pénitence que nous avons tout à coup envie de ressortir la vieille recette des crêpes : chocolat-chantilly-Nutella !
Alors que dire pour être en vérité… ? (Oh mon père, j’ai raté mon carême. J’ai envie de répondre moi aussi !) Devant la faible réponse que nous donnons à l’amour du Seigneur, nous serions en droit de nous demander si nous méritons bien de profiter des grâces venant de la résurrection du Christ…
Alors à tout ceux qui comme moi n’ont pas réussi, qui ont vécu un Carême de pauvre, regardons aujourd’hui à qui Jésus apparait : à des femmes qui ont peur, à des disciples qui l’ont renié… alors même que Jésus l’avait prophétisé. On pourrait se dire : « mais quand même, Jésus leur avait dit qu’ils partiraient, ils auraient donc pu anticiper, prendre sur eux et rester auprès de la croix ». Voilà à qui Jésus apparait, à des gens d’une pauvreté tellement grande qu’on s’y reconnaitrait… Jésus ressuscité apparait à des gens comme nous… Autrement dit, et pour aller droit au but : Jésus nous apparait, aujourd’hui.
Oui, il nous apparait rayonnant de gloire, et nous ne ressentirons la lumière de sa résurrection qu’à la seule condition que nous laissions sa victoire rejoindre nos échecs. En avons-nous le désir ? Ou préférons-nous garder un cœur double loin de la vérité ?
À deux pas d’ici sur le fronton du Palais de Chaillot est écrite en lettres immenses cette citation de Paul Valéry qui éclairera peut-être l’Evangile de ce jour : « il dépend de celui qui passe que je sois tombe ou trésor, que je parle ou me taise, ceci ne tient qu’à toi, ami n’entre pas sans désir ! » Cette phrase écrite pour un musée, prend tout son sens lorsqu’on l’applique à la tombe en ce matin de la Résurrection : « il dépend de celui qui passe que je sois tombe ou trésor, que je parle ou me taise, ceci ne tient qu’à toi, ami n’entre pas sans désir ! »
Ainsi, offrons même nos chutes, nos combats, nos échecs, car le Christ est ressuscité, il a vaincu la mort, il est Vivant. Que nous apporterait une victoire du Ressuscité qui ne profiterait qu’aux parfaits, à ceux qui ont tout bon !
Car en réalité, le Christ a tout fait, tout est accompli disait il à la croix, et il ne nous reste qu’à accueillir et à nous abandonner entre ses mains rayonnantes des stigmates glorieux. Si nous n’avons rien à offrir au Bon Dieu, rien que notre faiblesse et l’immense désir de l’aimer, alors le Christ n’est pas mort pour Rien. Mais avons-nous au moins le désir de Dieu ? Si nous ne l’avons pas, il nous reste encore une prière à adresser au Ressuscité : Seigneur, donne-moi le désir du désir. Qu’en ce jour de joie, Dieu nous donne à tous l’unique chose que nous pouvons posséder tout en restant pauvre de cœur : le désir de Dieu !
Le Christ est ressuscité : Il est vraiment ressuscité !