Le billet
Jean-François Balmary, diacre
Phares
Il est des lieux où, par vocation, le confinement était la règle : Cordouan, « le roi des phares, le phare des rois », le plus ancien des phares français en activité, situé dans l’estuaire de la Gironde, La Jument, à l’entrée des violents courants du Fromveur aux abords de l’île d’Ouessant, Ar-men, à l’extrémité de la chaussée de Sein, La Vieille, au passage du Raz de Sein, Kéréon, entre les îles de Molène et d’Ouessant…autant de phares aux noms familiers pour les marins. Leurs gardiens ont aujourd’hui quitté ces veilleurs, le progrès est peut-être passé par là, mais une bonne dose de poésie s’en est allée aussi.
En fermant les yeux, il me revient ce chant « Veilleurs, bénissez Dieu dans la nuit, Il nous donne sa paix, Veilleurs, bénissez Dieu, Élevez les mains, Dans la nuit, bénissez sans fin…Gardez vos lampes, Allumées pour le retour de Dieu, Notre Maître. »
Au coucher du soleil, voilà qu’au sommet de ces vigies dressées vers le ciel, pleines de puissance et de majesté, s’allument les lanternes qui prennent leur tour de veille afin de guider ceux qui sont en mer. Elles assument pleinement leur mission.
Et nous dans cette nuit qui nous entoure avec cette crise sanitaire, quelle mission est la nôtre, quelle veille est la nôtre ? Savons-nous garder nos lampes allumées, prenons-nous la peine d’élever les mains vers l’Eternel, bénissons-nous le Seigneur ? Les Ecritures, les prophètes, notre Eglise, tout nous invite pourtant à nous concentrer sur l’essentiel, la vie éternelle auprès du Seigneur.
Les vents que nous apporte la tempête d’aujourd’hui ne risquent-ils pas, si nous n’y prenons pas garde, de balayer nos forces et de mettre à nu nos fragilités au risque de ne pouvoir éviter les récifs que l’on devine dans l’obscurité ?
Alors, comme les marins ont les yeux fixés sur ces phares pour les sauver du naufrage puissions-nous, nous aussi, garder les yeux fixés sur le Christ, seule lanterne en mesure de trouer nos obscurités et nous sauver !